Nouvel essai aujourd'hui donc. Paraît que 20 fois il faut remettre son ouvrage sur le métier. Je ne sais même plus si c'est 20 fois d'ailleurs. Peu importe, on fera comme si.

Je vais bien y arriver un jour non ? La volonté y est vraiment, il ne manque plus que la tenacité ; elle suivra.

Aujourd'hui faudrait que j'aille chez Viviane. J'en ai pas trop envie mais je lui ai dit que je passerais ce week-end. Je ne sais pas si j'irai, j'ai pas mal de ménage aussi.

Je n'ai pas bougé hier soir et pourtant je me suis déboîté un genou, je ne me souviens pas comment c'est arrivé, sûrement quand j'assemblais le meuble, je me suis pas rendu compte. J'ai du mal à marcher.

Chaque jour où je tiendrai bon je mettrai de l'argent dans le pot dans lequel je voulais préparer un mélange de médicaments. Ce sera plus utile, ça me permettre de résorber mes retards de paiement. Avec toutes mes conneries je suis occupé de bien m'endetter. Continuer de faire l'autruche comme ces derniers temps ne mènera à rien de bon.

Avec mes 2 paquets de clopes quotidiens, ma bouteille de pastis tous les 2 jours et mon paquet d'herbe chaque semaine ça fait pas mal de pognon quand même. Voyons voir ce que ça donne sur un mois : 7,70 x 30 = 231,00 € pour les clopes ; 7,09 x 15 = 106,35 € pour le pastis ; 35,00 x 4 = 140,00 € pour l'herbe, plus 40,00 € d'essence pour aller 2 fois en Hollande, ça fait 180,00 €. Total, plus de 500,00 € par mois. Sans compter que je dépense bien 250,00 à 300,00 € par mois au bistro. Pas étonnant que j'ai de plus en plus de mal à finir le mois.

11h56

Je parie qu'elle est déjà avec un autre. Je viens de passer devant chez elle en allant chez maman. Comme il y a deux semaines, aucun signe de vie, une persienne baissée. Sans doute ses filles sont chez leur père et elle passe le week-end chez son nouveau mec. Pourtant ce n'est pas le week-end de leur père. Peut-être ont-ils inversé les week-end. Quand elle était avec moi elle n'a jamais su s'arranger pour que les week-ends sans enfants concordent. Pour lui elle y a peut-être mis plus de volonté. Mais je n'en sais rien en fait, peut-être que je m'imagine un tas de choses et que ce n'est pas vrai. De toute façon ça n'a pas d'importance, sauf que je me rends compte que je l'ai encore dans la peau quand même. Ou bien alors c'est mon petit ego qui ne supporte pas qu'elle soit avec quelqu'un d'autre. Il doit y avoir de ça aussi.

Je vais préparer le repas, c'est pas le moment de sombrer une fois de plus. Je vais prendre un pastis pour me donner un peu de courage. C'est con j'avais tenu jusque maintenant et je n'en avais même pas envie. C'est con mais c'est comme ça. Je remettrai mon ouvrage sur le métier demain, avec une fois de plus l'espoir de réussir.

Faudrait que je retourne voir un toubib mais ça ne servirait à rien, je ne suis jamais mon traitement. Dès que ça va mieux je crois que c'est gagné et j'arrête tout...

12h29

Faut pas que ça m'empêche d'avancer. Je suis sur la bonne voie, je progresse. Mais là je crois que je suis bon pour une rechute. Journée noire en perspective. Il ne me reste plus grand chose comme pastit : 2 ou 3 verres au plus. Cet après-midi j'irai sans doute en acheter.

J'ai peur là, j'appréhende la première semaine des vacances de Pâques. Alain et MArc seront chez leur mère, je serai seul avec une semaine à remplir. Si c'est comme au carnaval ça promet. Faut que je sois sur les rails d'ici là. Trois semaines, beaucoup et peu à la fois. Accroche-toi Eric.

22h48

Ca y est. Cette fois c'est moi qui ai gagné la bataille ! J'ai résisté, ça faisait un bout de temps que ça ne m'était pas arrivé. Pourtant l'envie s'est montrée présente, revenant à la charge tout au long de l'après-midi, à chaque fois plus insistante. Dix fois, vingt fois j'ai été sur le point d'aller chercher une bouteille. Dix fois, vingt fois je suis resté chez moi, à boire de l'eau et du coca. C'est peu de chose mais c'est aussi un grand pas en avant. J'aurai bien fini par croire que jamais plus je ne pourrai résister.

Double victoire en fait. J'ai tenu bon face au manque, c'est lui qui a fini par battre en retraite ; il reviendra frapper à la porte je le sais mais maintenant je sais que je peux lui tenir tête, j'ai l'avantage. Victoire face à mes angoisses aussi. Le fait que Françoise ne soit pas chez elle n'a pas réussi à me déstabiliser longtemps. Je me sens bien, sans avoir dû faire appel à l'alcoll, ni à l'herbe. Je me suis fait plaisir autrement. J'ai joué avec Alain et MArc. J'ai pas mal lu aussi. Surtout "Onze minutes" de Paulo Coelho, l'histoire d'une jeune Brésilienne venue en Suisse avec un contrat de danseuse de samba en poche et qui se retrouve bien sûr liée à la prostitution. Mes autres lectures actuelles sont "Les consolations de la philosophie" d'Alain de Botton et "Sur le rêve" de Freud. Je lis souvent plusieurs bouquins en parallèle, passant de l'un à l'autre en fonction des circonstances, de mes préoccupations et de mes états d'âme du moment. Hier à la bibliothèque j'ai aussi emprunté deux autres  livres de Freud et un autre de P. Coelho.

Quand je lis, j'entre carrément dans la peau des personnages ou dans le texte ; comme si plus rien d'autre n'existait.

J'ai découvert P. Coelho il y a pas mal de temps déjà, grâce à une amie qui m'avait prêté "L'Alchimiste", sans doute son roman le plus connu et pourtant ce n'est pas celui que je préfère. Il faudrait que je le relise.

De Botton c'est grâce à une correspondante sur Internet que je l'ai lu la première fois, avant de connaître Françoise. Elle m'avait conseillé de lire "Petite philosophie de l'amour" pour justifier le fait qu'elle refuse toute rencontre réelle avec ses correspondants, de peur de commencer une histoire sans doute.

Quant à Freud je l'ai bien sûr découvert sur les bancs de l'école. Barbant comme pas possible. 25 ans plus tard c'est Marc qui y a droit. Pour l'encourager je m'y suis donc remis. Et pour l'instant j'apprécie.

Tu vois Eric que les autres t'apportent quelque chose, même si tu ne t'en rends pas souvent compte.

Une dernière cigarette, quelques pages de lecture et au dodo, le coeur et l'esprit léger.