7h14

 Alain et Marc sont rentrés vers 6h00. Ils sont restés une petite heure près de moi dans le divan, à me raconter leur semaine à la neige. Ca m'a fait du bien mais j'ai eu du mal à ne pas trop craquer. Je ne comprends vraiment pas pourquoi Françoise ne les supportait pas. Ca devait être en réaction à mes remarques sur ses filles, je vois rien d'autre. Hier je suis passé chez elle vers 19h30 pour lui donner les papiers de la maison mais elle n'était pas là. Je les ai donc déposé dans la boîte à lettres, avec un petit mot. Je n'ai pas eu de réponse. Ca m'a fait drôle qu'elle ne soit pas là un vendredi soir. Je me suis demandé ce qu'elle faisait, avec qui elle était. M'a-t-elle déjà remplacé ? Crampe d'estomac. Remarque, elle est tellement formidable qu'elle mérite d'être heureuse. N'empêche que j'aurais préféré que ce soit avec moi, c'était bien parti, je comprends rien.

Hier j'ai mis les bouchées doubles pour le rangement et le nettouage. Presque tout est fait. Il reste surtout la verranda, le palier et les escaliers. Faudrait que je pense aussi à nettoyer la cave. Et puis lundi c'est déjà le boulot, j'ai encore rien foutu. Copies à corriger, cours à préparer. Cinq semaines avant les prochaines vacances. On y sera vite. Et alors encore une longue semaine seul. A moins que... Faudrait que j'arrête d'espérer, elle ne veut plus me voir. Je croyais vraiment finir ma vie avec elle pourtant. Ca a foiré, j'ai merdé. A cause de l'alcool. Je pensais pouvoir gérer ce problème, j'ai pas réussi, j'y arrive toujours pas. Mais elle n'est pas toute blanche non plus. N'empêche que si j'avais pas picolé ça se serait mieux passé sûrement. De toute façon c'est trop tard maintenant, fallait y penser avant.

J'ai merdé, tout gaché. Je dois payer, je ne la mérite pas. Je ne dois pas l'embêter. Je lui ai apporté assez de malheur comme ça.

9h16

Me voilà prêt, je vais aller porter les médicaments chez maman. Je préfère ne pas les avoir trop près de moi, on ne sait jamais. C'est d'ailleurs pour ça que je les ai laissés dans la voiture hier.

Culpabiliser c'est bien beau mais Françoise ne fait pas dans la dentelle non plus quand elle s'y met. Ce fameux jeudi noir, quand elle s'est jetée sur moi elle s'était quand même enfilé près d'une bouteiulle de porto en très peu de temps. Je n'étais pas à jeun non plus bien sûr, mais conscient. Elle était déchaînée, une vraie bête féroce. J'en ai encore les cicatrices. Et puis sa manière d'insulter tout le monde : Marc surtout, mais aussi Alain, et leur mère, et la mienne aussi. Qu'avait-elle à voir là-dedans ? Jamais elle n'avait dit quoi que ce soit. Et ce fameux soir de réveillon, quand elle m'a fait découvrir l'herbe chez Valentin et Françoise et que, avec l'effet combiné de l'alcool, je me suis endormi avant minuit ; et qu'elle a gerbé partout dans les chiottes. Elle connaissait la came depuis plus de 20 ans ; moi j'y avais jamais touché avant ce jour-là, j'avais pas l'habitude. C'était peut-être normal que je tienne pas le coup non ? Ca valait pas la peine de faire la gueule à ce point. Et le jour où elle a...

21h51

Journée terminée. Tout à l'heure Alain et Marc sont entrés dans le salon où j'écrivais, j'ai préféré arrêter ma longue énumération, je n'ai pas envie de la continuer maintenant. J'y reviendrai certainement un autre jour, quand j'aurai besoin de me rassurer. Ca m'a fait du bien d'écrire tout ça, ça m'a permis de me rappeler que je n'ai pas été le seul à ne pas avoir su gérer la situation. Et pour ce qui est des antécédents c'est encore autre chose ; j'y reviendrai une autre fois, ce soir je n'en ai pas envie. Ca m'a aussi rappelé à quel point toutes ces merdes peuvent transformer quelqu'un, quel qu'il soit dans son état normal. Ce sont vraiment des trucs à bannir quand on ne sait pas se limiter. Moi c'est l'alcool, Françoise c'est l'herbe.

Je n'ai pas envie d'écrire plus ce soir, je vais regarder un peu la télé (pas grand chose mais ça fait une présence) et lire aussi. Et boire quelques jaunes aussi bien sûr. J'ai pas trop exagéré dans la journée, c'est déjà ça, ça ne m'a pas empêché de faire ce que j'avais à faire. C'est un bon point. J'ai donc droit à un petit palisir sans trop avoir mauvaise conscience. Mais c'est promis, je vais fortement réduire ma consommation. Et si j'y arrive pas je retournerai voir un toubib pour me faire aider.